Très cher Ami,
Vos encouragements à continuer sont un baume.
Je sais que je vous ennuie avec toutes ces sottises, vous en entendez tant à longueur de journée...
Comment vous dire pourtant que ces échanges me sont devenus aussi nécessaires que l’eau dans laquelle j’ai retrouvé un peu de mes origines ? Et comment vous en remercier ?
En allant mieux sans doute.
J’ai passé une nuit bizarre. Dans un décor qui ne me lâchait pas. Je me trouvais dans un endroit aquatique. Une piscine ou peut être la mer. Et je consacrais mon temps à en nettoyer les coins. Je me suis vaguement endormie au petit matin et là, je me suis sentie petit bébé prise avec force dans des bras qui me serraient à rompre mes os et me suis vue tomber en morceaux des morceaux aux tranchants très nets comme ceux d’une image dans un miroir qui se brise je suis bien en peine de dire ce que cela signifie.
Sauriez vous me l’expliquer ou faut-il que je lutte contre ma paresse ordinaire pour trouver la signification de ce moi en tessons ?
Toute la nuit ce mot curieux m’a également poursuivie : “morne plaine”.
Morne pleine ? Morne enceinte ? Morte enceinte ? Mort- née de la haine. Mort nait de la haine. Si j’essayais en espagnol tant que j’y suis ? L’amor nait de la haine . L’amor nait de la mère. L’amour et la mort naissent de la mère. J’en suis là.
Perplexe. Avec une sensation très désagréable. Celle que mes pieds vont plonger dans le vide. J’arrive devant une faille grande comme le canyon du Colorado.
SOS.
L’amour et la mort naissent de la mère.
Pourquoi nettoyer les coins de la mère ?
Revenons à ce livre... Que dit votre ami Pontalis ? "Je pense à la passion généalogique qui s’empare souvent des hommes...S’inscrire dans une lignée, construire un arbre avec ses racines, sa ramure, une tentation pour conjurer le néant derrière et soi et le néant dans lequel ne va pas manquer de vous précipiter la mort prochaine."
La mort prochaine. Comme cela passe vite une vie. Je suis rendue à la moitié de la mienne. Bilan ?