Natasha tape du pied et paraît courroucée par mon inconsistance.- Alors !- Il ... faut que je ... rentre... chez moi !- Ah ! Très bien ! Allons-y !!!Elle me prend le bras, joyeusement.- Je me demande comment c’est chez toi.C’est cramé, ravagé, détruit, dresdé, coventré, beyrouthé, aqueux comme une boule à neige, hideux comme le Sacré Chœur, dévasté comme un cerveau fasciste, brisé comme un vase à Soisson, ... Comment puis-je t’inviter, toi, reine des reines, Venus de tous les monts, égérie magistrale, dans cet Herculanum cendré, ce triangle bermudien, ce non-lieu, cette misère même plus hautaine, ce souk abandonné, cette ruine sans charme ? Veux-tu qu’à la peine de la perte j’ajoute la honte, le déshonneur, l’indignité, l’ignominie ?Je suspends notre route.- Heu ! Ce serait bien si ...- ... ?- ... on reportait tout cela.- Tout cela quoi ?- Heu ! Toi et moi, chez moi ...- Hé !C’est l’orage sur la plage, vite, vite, les parasols se replient et la joie des enfants rentre promptement dans sa coquille comme une moule hors de l’eau. De gros nuages noirs envahissent les prunelles natashiennes et menacent d’une volée d’éclairs durs si je ne trouve pas, illico, une raison valable, LA raison valable, l’excuse absolue, l’ultime logique qui interromps bêtement au milieu de la côte ce coït espéré, désiré, pensé, programmé, appelé, rêvé, ...Ce que je peux faire c’est d’envisager une migraine soudaine. Je ne serais pas le premier à utiliser cela, un mal de ventre impromptu, une bulle d’air coincée qui risque, en sortant, de provoquer une panique totale, l’arrivée fortuite de ma Môman chérie qui croit que son fils est sinon religieux du moins purement abstinent, un petit chat qui meurt, des menstrues en avance... Mais rien de cela n’est vraiment crédible et serait pour le moins grossier. Quant à dire la vérité !!!- Je crains de ne pas pouvoir cette nuit !- Pourquoi ?- Tu le sais bien !- Non, je ne sais rien !!!- Je ne ... couche pas le premier soir !Elle ne crie pas, elle hurle. Ses yeux s’humidifient. Elle est à terre, ou presque. Elle se roule sur le sol, comme une démente, elle s’arrache des touffes de cheveux, balance ses pieds qui me blessent, ses poings qui se font mal et sa tête racle le sol.- Pardon !- Salaud !!!Et puis sa rage se mue en un rire énorme, titanesque, impossible à contrôler. Natasha se relève et s’enfuit à toutes jambes polluant la nuit de ses fauves rugissements.- Natashaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !Dans un (mauvais) film, je la poursuivrais et la rattraperais juste au moment où son corps demi plongé dans un taxi de la compagnie de Pierre quitterait ces lieux de misère.- Il faut me comprendre Priscilla ! Les événements nous dépassent...- Je comprends, Kevin. Je saurai t’attendre mon amour !Beurk !!!
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Iron... Hic !
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