Mais, comme il se fait tard, je me précipite chez moi pour constater les dégâts. Au bas de l’immeuble je m’aperçois que les soldats du feu (ah ! la belle expression qui évite la méprise entre le sapeur volontaire et le pompier imposé !) sont déjà partis et ont tout remis en place. Les voitures sont garées comme avant, le trottoir est propre et toute trace d’humidité a déjà disparu, la place est nette, comme dans l’escalier que j’avale, la peur au ventre, deux marches par deux malgré ma bronchite déjà très chronique et un entraînement sportif aléatoire qui me pousse à faire du dix minutes vingt deux secondes au cent mètres même sans haies. Ma porte n’est pas défoncée non plus et, je le vois bien en tournant ma clé dans la serrure, encore bien hermétiquement fermée, avec soin et délicatesse. Dedans, tout est calme, reposé, comme une "belle au bois dormant", quiet.Quant à mon Rowenta ... il est rangé, délicatement, sur son support mural, près du frigo, au dessus de l’aspirateur et la planche, sa fidèle compagne, son Sancho Pansa, son Rantanplan, son Watson est repliée, honnête et droite entre le bac à légumes et les flancs du réfrigérateur.- Natashaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !!!!!Le feu crépite, Catherine est allongée contre moi, son buste est nu, ses seins merveilleux, leur chaleur est sinon sublime du moins admirable. Je caresse ses cheveux, je masse son enveloppe hypophysème et je sens le désir chevaucher les montagnes.- Mon pauvre chéri ! Et tu l’as revue ?- Non ! Jamais ! Mais Pierre m’a donné des nouvelles, de loin en loin.- Et ?Je me crispe un peu, je me racle la gorge. Dois-je dire tout, complètement tout ?
Dois-je avouer que j’étais très amoureux de Natasha, pas autant que je ne le suis de Catherine mais ... Elle fut une bonne expérience, peut-être même une répétition générale, un check-up avant le décollage, une base avant que de pouvoir aller plus loin, plus fort, plus longuement.
Puis-je dire ce qui s’est passé ensuite ?Pierre débarque chez moi, avant l’aube. Je dors encore d’un mauvais sommeil.Pour oublier l’auteure je m’abandonne aux lectrices, sans sélection digeste. Celle-ci, à Cognac, qui me fait dédicacer mes romans pour un Antoine, couine au coït sans pudeur aucune. Celle-là qui me lit à la manga en commençant par la fin. Et ces autres qui s’effeuillent sans couverture ... Nourriture peu céleste, fast-food, fast-fuck, satisfaction immédiate et aucun lendemain, pas même de souvenir précis.- Si tu n’étais pas toi, je te pèterais la gueule !- Comment ?- Ou les rotules ! Ou un bras ! Ou quoi que ce soit d’autre !Pas encore éveillé complètement, je ne comprends pas sa fureur et ces menaces sourdes qui, même si elle paraissent m’épargner de prime abord, sont d’une violence innouie pour qui connaît bien Pierre.- Natasha ! Tu te souviens de Natasha !- Bien sûr !- Ils viennent de l’interner.Je sursaute.- Quoi ???- Elle a été arrêtée hier, à la FNAC des Halles.- Qu’est-ce qu’elle a fait ?- Un autodafé !Le vigile, à l’entrée, a regardé son sac. Mais c’est ses yeux qu’il aurait du surveiller. Des yeux de folle ! Un regard hirsute, assassin, dérangé, puant, glauque, parfumé à l’essence de démence. Il l’a laissé passé. Le magasin était presque désert. Elle a pris le grand couloir central, démarche un peu heurtée. Elle est entrée dans le rayon livre, a cherché les romans français, en a extirpé cinq volumes, quatre exemplaires du même et un autre poussièreux, comme oublié de longue date, peut-être écorné, tâché de marques de doigts gras. Elle a posé son butin sur la moquette. elle a fouillé dans son sac, a trouvé un petit flacon presque innocent, en a ôté le bouchon, a fait couler le liquide sur les livres, les souillant, les mouillant. Puis elle a pris un briquet et a mis le feu.- Imagine la panique !!!- Mais ... Pourquoi elle a fait ça ?- Ne fait pas l’innocent !- Quoi ?- C’étaient tes livres, mon vieux, TES livres !Même si cela m’ennuie un peu de mentir à Catherine, ne serait-ce que par omission, péché véniel mais péché quand même, je dis :- Ca va ! Enfin, je crois ...Catherine prend ma bouche, ôte nos vêtements et nous faisons l’amour presque silencieusement, dans le canapé, sur le tapis, devant le grand feu.Il est presque trois heures du matin. Les autres vont rentrer. Nous allons nous coucher.Dans la salle de bain, alors que nous sommes nus, côte_à-côte, brosse à dents dans la bouche savonneuse, j’ai comme une question qui s’impose.- Et toi ?- Quoi moi ?- Tu en as eu des coups durs ?Catherine suspend son geste, réfléchit.- Hum ! Oui !- Et ?Catherine veille à ses que ses molaires brillent, insiste lourdement, me fait comme languir. Puis elle tire de l’eau tiède, se rince abondamment, crache.- Bah ! Je ne vais pas t’embêter avec ça !- Mais si voyons ...Catherine m’embrasse comme Eve son Adam (mon petit serpent se réveille !) et, négligemment, en quittant la salle d’eau, dit :- Non mais, c’est trois fois rien, c’est du passé, ça ne vaut pas la peine ...Je la rattrape et la menace des pire tortures si elle ne parle pas, chatouillis sous les bras, plume sous les pieds, féssée d’oreiller, hôtel du cul tourné pendant dix minutes, ...
Alors elle lâche :- Ok ! A dix-sept ans, je me suis fait violer !OH ! MEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEERDE !
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Iron... Hic !
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